Héros-Limite

Héros-Limite de Ghérasim Luca
projet 2012 /2013
Direction artistique : Laurent Schuh
En 1994, un homme se jette dans la Seine. Après son ami Paul Celan. C'est Ghérasim Luca, le surréaliste né en Roumanie qui avait fait du français une langue étrange : la sienne. Une langue orale qu'il lisait lui-même, renversant d'un même verbe l'esprit et le corps. La rage qui le portait conjuguait une inquiétude métaphysique et un jeu, des mots qui glissent, un humour jamais très éloigné des larmes. Pour s'affranchir poétiquement de tous les automatismes sclérosés du sens, Ghérasim Luca a dû jouer avec les structures syntaxiques, faire bégayer la langue, inviter sa voix en incarnation rauque du corps tout entier.
Sa poésie, au départ d'inspiration alchimique et kabbalistique, offre par jeux de mots et balbutiements maîtrisés, l'image d'une humanité indomptable, « passant du dialogue au dé-monologue » et refusant de rester en équilibre « sur volupté et terreur » (Démonologue). Dès l'après-guerre, il rédigea un Manifeste non oedipien qui réclamait la disparition sociale de tous les comportements familiaux, ou de toutes leurs perversions. De Dialectique de la dialectique au Héros Limite , du Quart d'heure de culture métaphysique dans le Chant de la Carpe aux Paralipomènes et au Vampire passif , à La Mort morte, toujours sur le fil, il écrivait : « Comme le funambule à son ombrelle je m'accroche à mon propre déséquilibre. Lydia Ben Ytzhak
Résumé
Méraphysicien dans l'âme, être angoissé, Ghérasim Luca décortique les mots pour une recréation toujours jouissive, mordante et belle.
Extrait d'Héros limite : "La mort, la mort folle, la morphologie de la méta, de la métamort, de la métamorphose ou la vie, la vie vit, la vie-vice, la vivisection de la vie" étonne, étonne et et et est un nom, un nombre de chaises, un nombre de 16 aubes et jets, de 16 objets contre, contre la, contre la mort ou, pour mieux dire, pour la mort de la mort ou pour contre, contre, contrôlez-là, oui c'est mon avis, contre la, out contre la vie sept, c'est à, c'est à dire pour, pour une vie dans vidant, vidant, dans le vidant vide et vidé, la vie dans, dans, pour une vie dans la vie.
Un déluge, un délire de mots, une cascade inarrétable de substantifs légèrement différents à chaque phrase. Le sens n'est pas caché mais les savants jeux de mots, forment une trame serrée, où la langue bégaie. Ghérasim Luca lisait lui même ses textes dans une incantation du corps tout entier.
Production
Les Arts et Mouvants-cie à l'endroit des mondes allant vers